Ne commencez pas à nous parler de Jardim !
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 12/10/2018 à 07:00
Le serpent de mer est une expression qui signifie un sujet rebattu, une information qui réapparait à intervalles réguliers, et des serpents de mer, il y en a toujours eu à l'OM. Il y a eu le retour de Drogba, la signature imminente de Marcelo Gallardo ou celle d'Alvaro Recoba. Aujourd'hui, alors qu'on se demande depuis des mois quand Rudi Garcia va finir par prolonger, un nouveau serpent de mer est peut-être en train de se profiler dans les eaux du Vieux-Port. En effet, depuis le départ de l'AS Monaco de Leonardo Jardim, on a vu en quelques jours se former des hordes de supporters sur les forums et les réseaux sociaux pour miser sur le coach portugais au cas où l'aventure Garcia se terminerait à la fin de la saison. Évidemment, les résultats obtenus par Jardim sur le Rocher font de lui un technicien de premier choix, mais cet engouement semble tout de même un peu précipité. Déjà parce que Rudi Garcia est encore là et que rien ne dit qu'il ait des velléités de départ, mais aussi parce rien n'indique que le travail effectué par Jardim à Monaco soit transposable sur la Canebière.
Arrivé en juillet 2014 à Monaco, Leonardo Jardim est absolument inconnu en France et en Europe. Issu du Sporting Lisbonne, il est celui choisi pour mener un projet bien précis avec le recruteur monégasque de l'époque Luis Campos. Ce projet, il le mène à la truelle, comme il aime le dire en plaisantant sur sa nationalité, et il ne se soucie ni du beau jeu, ni de la pression, ce qui ne colle pas à l'idée qu'on peut se faire d'un entraîneur de l'OM, comme l'explique au Phocéen le spécialiste de l'AS Monaco pour Nice-Matin Mathieu Faure : "J'ai beaucoup de mal à l'imaginer dans le contexte marseillais, qui n'est absolument pas le même projet que celui de l'ASM, auquel il collait parfaitement. Il adore travailler avec les jeunes ou les joueurs méconnus, et il n'est pas là pour prôner le spectacle. Son truc, ce sont les coups de pied arrêtés, le contre, les attaques rapides, et pas le beau jeu. En France, à l'exception de Lyon, peut-être, qui s'appuie sur son centre de formation, ou Lille avec Luis Campos, je le vois mal aller dans un autre club. Encore moins à l'OM, où il y a une grosse pression et une exigence de résultats. De plus, s'il a eu de très bons joueurs, il n'a jamais eu d'égos à gérer dans le vestiaire de Monaco, alors qu'à l'OM il y a de grosses personnalités comme Payet, Rami ou Thauvin. Enfin, je ne suis pas sûr qu'il ait envie de replonger tout de suite en Ligue 1, car il aura sûrement des offres ailleurs et qu'il est très cher : près de 400 000 euros par mois net d'impôts, ce qui en faisait le coach le mieux payé du championnat. Je ne suis pas sûr que l'OM soit prêt à donner ça à un coach aujourd'hui".
Nous non plus, même si l'OM de McCourt n'hésite plus à faire de très gros chèques, comme on l'a vu avec Payet, Gustavo, Strootman, ou même Garcia qui émarge autour de 250 000 euros mensuels. Un Garcia qui, lui, correspond tout de même beaucoup plus à la fonction d'entraîneur olympien. Rodé à la pression du Stadio Olimpico, il inspire le respect à ses joueurs et à la presse par une certaine prestance et une grande facilité à gérer les conférences de presse, même si le discours peut user les habitués. Un vrai atout lorsque les résultats tardent à arriver. Pas sûr que Jardim soit adapté à ça, et encore moins qu'il en ait envie. "Il n'est ni charismatique ni médiatique, confirme Mathieu Faure. Ce n'est pas quelqu'un qui va rendre les conférences de presse très attrayantes, comme pouvait le faire Bielsa, ou comme Garcia aujourd'hui. Il est très discret, pas franchement chaleureux au premier abord, au contraire d'un Ranieri avant lui qui arrivait à médiatiser le projet du club". C'est donc grâce à son travail, mais aussi à la tranquillité médiatique monégasque, que le Portugais a réussi à mener sa barque durant près de cinq années, ce qui semble inimaginable ici. Homme de coups, il n'a pas de dogme tactique prédéfini, ce qui, là encore, soulèverait des critiques à la moindre contre-performance à l'OM.
Pour conclure, il semble bien plus sage de s'appuyer sur un Rudi Garcia que l'on a déjà, même si chaque jour qui passe nous rapproche de la fin de son contrat, que sur l'idée d'un Jardim qui nous embarquerait comme par magie vers les sommets du championnat et de la Champions League. Mais parfois, pour remplacer un coach en fin de contrat, l'idée la plus évidente est la bonne. Il y a une dizaine d'année, c'est un autre entraîneur de Monaco qui avait ce rôle-là en étant sur le marché. Il s'appelait Didier Deschamps et l'OM n'a pas vraiment eu à s'en plaindre.