Trésor : "Je redoute beaucoup ce match !"

Si le nom de Marius Trésor n'évoque peut-être plus grand-chose pour les plus jeunes, ceux qui ont connu l'OM des années 70 savent bien qu'il fait partie du Top 10 des plus grands joueurs de l'histoire olympienne au même titre que Josip Skoblar, Jean-Pierre Papin ou Didier Deschamps. C'est en 1980 que le longiligne défenseur central de l'équipe de France (65 sélections), fâché avec les dirigeants qui ne l'ont pas laissé partir au Bayern de Munich quelques mois auparavant, quitte l'OM pour Bordeaux après huit saisons sous le maillot blanc.

Un Bordeaux qu'il emmènera au sommet du football français avec le trio Giresse-Tigana-Lacombe, et qu'il n'a plus quitté jusqu'à ce jour, où il dirige encore la réserve avec Patrick Battiston. Dimanche, le grand Marius compte bien voir son équipe préserver cette incroyable série d'invincibilité à domicile face à l'OM, même s'il redoute de plus en plus son arrêt. C'est ce qu'il explique au Phocéen. Interview :

Marius, on ne vous sent pas complètement serein avant le choc de dimanche. On se trompe ?

Marius Trésor : "Quand on regarde le parcours des deux équipes, il me semble que le favori est l'OM qui reste sur une très bonne dynamique. On va voir comment nous allons réagir, mais personnellement, je ne vous cache pas que je redoute beaucoup ce match"

Il est vrai que Bordeaux reste sur une série très inquiétante, sans aucune victoire depuis un mois et demi...

M.T : "Oui, un seul point sur les cinq derniers matches... J'espère que les garçons vont réagir, avec l'appui des supporters qui vont venir à l'entraînement pour mettre un peu de pression. C'est un peu particulier, mais pour l'instant on peut dire que ça marche (rires). Mais on sent que la fin de la série se rapproche, car cela fait plusieurs saisons que l'OM ne perd plus ici. Mais l'essentiel est de garder encore cette invincibilité"

L'OM et Bordeaux, ce sont les deux clubs de votre grande histoire. Vous avez déclaré récemment que l'OM était "l'ennemi juré", vous le pensez vraiment ?

M.T : "Déjà, parmi mes clubs de coeur, il y a aussi Ajaccio où j'ai débuté. J'ai passé huit années formidables à l'OM, mais ça fait 37 ans que je suis à Bordeaux et que je travaille aux Girondins, donc je suis naturellement Bordelais lors de la confrontation. Mais, je vous rassure, lorsque l'OM joue n'importe quelle autre équipe, je suis automatiquement Marseillais et même chose pour Ajaccio !"

Pourtant, pour les Marseillais qui ont connu votre époque, vous êtes le "Marius de l'OM" à jamais !

M.T : "C'est normal (rires), d'autant que j'ai gardé des racines à Marseille. Mon fils Thierry y est né et habite toujours là-bas. C'est toujours la guerre entre nous lors de ces matches ! On va sûrement s'appeler après le match et se chambrer en fonction du résultat. Mais pour l'instant, j'ai la chance d'être en position de force !"

À l'instar de beaucoup de supporters bordelais, vous craignez vous aussi que la série s'arrête dimanche ?

M.T : "Bien sûr, car toutes les séries ont une fin, et je ne sais pas pourquoi celle-ci dure aussi longtemps. Imaginez que je faisais partie de la dernière équipe de l'OM à s'être imposée ici en 1977, il y a 40 ans ! J'espère que ça va continuer encore un peu"

Enfin, que pensez-vous de ce nouvel OM de Frank McCourt ?

M.T : "Du bien. Rudi Garcia a réussi à trouver un bloc-équipe performant et les résultats sont là. Malheureusement pour vous, il va devoir se priver dimanche de Luiz Gustavo qui est pour moi le point fort du jeu marseillais. Ça peut être un handicap, mais l'OM est sur une telle dynamique qu'il peut maintenant gagner sans lui".