Stéphane Guy : "Payet est la victime de Zlatan"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 14/04/2015 à 18:43
C'est officiel depuis le communiqué diffusé quasi-simultanément par les deux clubs la semaine dernière, l'OM et le PSG ne parlent plus à Canal Plus. Les deux géants français ont coupé les ponts avec leur principal bailleur de fonds. Pour longtemps ? Officiellement jusqu'à la fin de la saison, mais compte tenu du poids et des intérêts des trois golgoths, on imagine que les négociations de paix ont déjà commencé.
A l'origine de la brouille, Zlatan Ibrahimovic et Dimitri Payet, surpris en plein délit de gueulante par les caméras de la chaîne cryptée et suspendus par la Commission de discipline dans la foulée. La goutte d'eau en trop pour deux clubs sous grosse pression. Il faut dire que Canal, avec sa nouvelle émission J+1, tape dans le mille chaque lundi soir avec ses séquences bien senties, souvent très drôles, sauf pour les intéressés évidemment. Son présentateur, Stéphane Guy, revient sur les évènements et donne son sentiment aux lecteurs du Phocéens. Interview :
- Stéphane, heureux d'avoir déclenché "l'affaire" de la semaine dernière ?
"Pour moi, cette polémique concerne surtout les propos d'Ibrahimovic à Bordeaux, lors du Canal Football Club. La séquence Payet est diffusée chez nous le lendemain, mais sans l'affaire Ibra, il n'y aurait jamais eu d'affaire Payet. C'est l'incongruité totale de cette situation. Ce qui me surprend beaucoup dans la réaction de l'OM, c'est qu'ils se font, de fait, les défenseurs d'Ibra alors que Payet est d'abord la victime d'Ibra avant d'être celle des caméras de Canal".
- Tu auras oeuvré au rapprochement de l'OM et du PSG !
"Dans le football, tout est possible, et on a effectivement favorisé l'alliance du PSG et de l'OM ! De notre point de vue, tout ça est une immense farce, avec beaucoup de contre-vérités et de mensonges. Mais le vent tourne, et ceux qui sont à l'initiative de cette pitrerie sont en train de se marginaliser. C'est un nouvel exemple de ce que l'on met en avant dans notre émission : le football est un grand cirque".
- Il n'empêche que ces images de coulisses sont une nouveauté, et que des gens se font attraper et suspendre...
"Effectivement, c'est une responsabilité et cela nous incite à réfléchir dès lors qu'on diffuse une image et à redoubler de vigilance. Après, il ne faut pas tout retourner à l'envers. A l'origine, ce sont quand même les insultes incroyables d'Ibrahimovic qui déclenchent l'affaire, et pas l'inverse. Derrière, le coup de gueule de Dimitri Payet n'est absolument pas de la même nature. Il est dans l'émotion. Ces dossiers sont traîtés de la même façon alors qu'ils sont très différents. Je le répète, mais on met en cause ceux qui filment, et pas ceux qui se comportent de manière inqualifiable."
- La colère de Payet était quand même très brève...
"Je trouve qu'il n'y a rien de répréhensible dans le comportement de Payet, qui est dans l'émotion du match, mais je ne suis pas juge. Est-ce qu'il a eu le bon comportement ? Je ne sais pas, mais il ne mérite pas sa suspension. En revanche, pour Ibra à Bordeaux, il a clairement choisi le moment où il y avait la caméra et savait très bien ce qu'il disait".
- Vous comprenez ce que ça implique, dans un milieu pas vraiment habitué à la transparence ?
"C'est vrai, on doit s'interroger sur ce qu'on montre ou pas, et c'est nouveau. Mais le foot français aurait peut-être beaucoup mieux tourné si on avait eu le courage de montrer ça avant, et si on s'était montré un peu moins complices de certains acteurs du football. Aujourd'hui, c'est peut-être plus compliqué de faire ses petites affaires entre amis".
- En attendant, vous vous fâchez avec les deux géants du foot français...
"Ceux qui dénoncent aujourd'hui nos images sont souvent très contents de s'appuyer dessus lorsque ça les arrange. Le PSG ne s'est pas géné de distribuer à tous les diffuseurs de la terre une clé USB avec les images du coup de tête de Brandao sur Motta. Même chose dimanche dernier lorsque le PSG nous a harcelé de messages pour que l'on montre leur bus qui avait reçu une balle de golf sur le trajet. On est vraiment dans la farce !".
- Vous vous retrouvez dans une position inconfortable...
"On se fixe pour mission de travailler pour le football et nos abonnés, et de ne pas travestir la vérité. On ne veut être utilisé ni par les uns, ni par les autres, et c'est une mission très compliquée. J+1 est une émission d'analyse très poussée, mais aussi d'humeur et d'humour. On est là pour rire de tout ça".
- Cette affaire peut-elle influencer les prochaines émissions ?
"Revoir notre ligne éditoriale, non. On a un soutien de notre direction très fort, mais, encore une fois, ça ne nous empêche pas de réfléchir. Mais, est-ce qu'on a des regrets d'avoir diffusé ces séquences ? Clairement, non !".