Luccin : "Pourquoi j'ai quitté l'OM pour le PSG"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 14/05/2015 à 07:00
Grand espoir de l'OM quand il y a joué entre 1998 et 2000, Peter Luccin a arrêté sa carrière la saison dernière au FC Dallas en MLS. Aujourd'hui âgé de 36 ans, il est resté vivre dans la célèbre ville texane où il a ouvert une académie dans le plus grand complexe de football indoor des Etats-Unis. Heureux de sa nouvelle vie, surtout pour ses enfants, il suit assidûment, malgré le décalage horaire et la distance, les rencontres de l'OM. "Il y en aura toujours pour dire que je suis un traître mais... Je suis Marseillais, ma femme est Marseillaise. Après mes frères et ma mère sont Parisiens, mon père est Antillais... on vient de partout. Mais personne ne va me dire que je ne peux pas aimer Marseille. J'ai encore des contacts avec les joueurs là-bas, je suis retourné à la Commanderie l'an dernier. Je suis le club et je continuerai à le faire".
Que penses-tu de Marcelo Bielsa ?
Peter Luccin : "C'est quelqu'un qui fait un énorme boulot. Il faut voir où il arrive avec les équipes qu'il prend. Quand on voit l'équipe de l'OM qu'il a pris, qui avait des soucis la saison dernière, c'est dur d'en faire des champions. On sait très bien qu'il n'a pas tous les joueurs qu'il a réellement voulu. Il faut lui faire confiance. Là il commence à perdre des plumes, il demande beaucoup, mais moi je me dis que s'il reste, ils feront mieux la saison prochaine. Après il faut voir l'effectif, les attentes. Parce qu'il y a beaucoup de joueurs qui ont du mal à le supporter. Mais à choisir, c'est lui que je garde".
On parle beaucoup des jeunes à l'OM et de leurs comportements. Un peu comme il y a quinze ans on parlait de toi, Dalmat, Anelka et Distin quand vous étiez au PSG. Tu penses que c'est la mentalité française ou, avec le recul, tu te dis que c'était de votre faute ?
P.L : "Il n'y a pas d'excuses à avoir en se disant que c'est la jeunesse. Mais c'est vrai que, quand j'arrive à Marseille, j'arrive avec Rolland Courbis, qui m'a énormément aidé, mais aussi Patrick Blondeau, Daniel Bravo, des joueurs expérimentés. A cette époque-là, on suivait tous une personne : c'était à 100% derrière Laurent Blanc. On savait que c'était un meneur, notre leader, qui avait un comportement irréprochable. A Paris, c'était un tout autre contexte. On nous a donné les clefs. Mais on n'était pas préparé à prendre l'équipe sur nos épaules. On a mal géré tout ça. Mais pourquoi à l'OM ça s'est bien passé ? Parce qu'à chaque fois qu'il y avait un problème, Laurent Blanc était là. Dans toutes les grosses équipes, tu as deux ou trois leaders. A Marseille, j'aime beaucoup Payet et Gignac, mais il manque peut-être quelqu'un qui fasse l'unanimité. C'est ce que je vois de l'extérieur".
Tu connais bien Abdelaziz Barrada, que tu as croisé en Liga. Sûrement mieux que nous...
P.L : "Pour moi, il peut être la révélation de la saison prochaine. Je ne vais pas en parler en tant qu'ami, je vais essayer d'être objectif. Je l'ai vu en Espagne, à Getafe. Tous les matchs, il y avait 5000 ou 10 000 spectateurs, c'est complètement différent du nouveau Vélodrome. Il n'était pas dans un club où il fallait gagner toutes les semaines. Aux Emirats pareil. Ses blessures, c'est peut-être tout simplement du stress. Physiquement, il a du coffre, mais c'était difficile pour lui par rapport à ce qu'on lui demandait. Mais techniquement, il a peu d'équivalents en Ligue 1. Et je le suis le championnat, j'ai toutes les chaînes, je vois les matchs. Il est dans le top 5 des plus techniques. On peut comparer son cas à celui d'Azpilicueta, même si ce n'est pas le même poste. Azpi a su travailler, faire le dos rond à Marseille en arrivant d'Osasuna. Il a progressé et Chelsea est venu. Ça me ferait vraiment plaisir pour Abdel".
Comme toi, il a joué à l'OM et au PSG...
P.L : "Alors je vais m'expliquer une bonne fois pour toutes sur ce transfert. Je suis à Vichy en préparation de pré-saison avec Abel Braga. Je reçois un coup de fil dans ma chambre, on me dit que le taxi est en bas, qu'il faut que j'aille à Paris, que mes agents sont au courant. Une fois dans la voiture, je me rends compte que le deal entre Marseille et Paris était fait avant même que j'accepte. A l'époque, c'était beaucoup d'argent pour Marseille. Les dirigeants m'avaient fait comprendre qu'ils allaient rentrer dans une période de transition. Est-ce que j'aurais pu dire non ? Bien sûr. Mais, il y aurait eu d'autres problèmes. C'était 13-14 millions quand même".
Mais, en tant que Marseillais, tu n'es pas écoeuré quand tu vois que cet argent a servi à acheter Marcelinho, Adriano...
P.L : "Je ne leur en veux pas. Sur le coup, ils voient le bien du club. Ils sont partis sur d'autres styles de joueurs, avec une autre étiquette. C'était 3 millions d'euros à gauche, 5 à droite... Et ils avaient aussi vendu Stéphane Dalmat pour 11 millions. On a bien vu derrière que c'était une transition. Ils n'ont pas menti, et moi j'ai joué la Ligue des champions".
Tu aurais pu revenir à l'OM plus tard dans ta carrière ?
P.L : "Oui, à l'époque de Saragosse. On avait une super équipe, avec Ayala, Juanfran, Diego Milito, mais on était descendus en 2008. En juin, les dirigeants recevaient des offres dans tous les sens et ils m'avaient parlé de l'intérêt de l'OM et du PSG pour moi. Mais c'était difficile pour eux à l'époque de s'aligner sur le salaire. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit. Parce que je l'ai su tard et que Saragosse préférait que j'aille à Santander. Ça ne s'est pas joué à grand-chose".