"Il fallait tordre le cou aux rumeurs sur l'OM"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 14/10/2017 à 11:12
"Mes secrets d'agent", l'autobiographie de Christophe Hutteau, coécrite avec Arnaud Ramsay, démarre pied au plancher. Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans les profondeurs des gardes à vues, façon Engrenages. Interrogé dans le cadre de l'enquête sur les transferts de l'OM, l'ancien agent de Mathieu Valbuena avait fait partie du fameux coup de filet. Tant qu'à en parler, autant ne pas attendre. Dès lors, le fil de la carrière de celui qui fut journaliste et même DJ dans d'autres vies se déroule naturellement, permettant de revivre le football des années 90, des années 2000 et celui d'aujourd'hui, à chaque fois sous le prisme d'une profession différente. Un ouvrage riche en anecdotes, où l'OM occupe évidemment une part importante. Entretien avec l'auteur.
Christophe, ton livre est rempli d'histoires comme on les aime dans le football. Tu as parlé de Franck Ribéry qui t'appelle pour que tu trouves un club à son petit frère et qui fait un don à Bayonne pour qu'ils le prennent. Mais il y a aussi Rolland Courbis, qui t'emmène à Chaban-Delmas la veille d'un Bordeaux-OM pour déterrer une poupée vaudou. Quelle folie...
Christophe Hutteau : "Ce livre a plusieurs buts. Le premier c'est de montrer qui je suis, tordre le cou à la rumeur par rapport à l'Olympique de Marseille et mes pseudo liens privilégiés. Mais c'est vrai que cela montre aussi que le football, c'est la convivialité, des moments géniaux. Ce n'est pas que du business et des magouilles. Je ne suis pas convaincu qu'il y ait plus de malfrats dans le football qu'en politique ou dans le monde des affaires. Cette anecdote de Courbis, c'est vrai que quand j'y repense, c'est fabuleux. Personne n'était au courant. L'équipe de l'OM était arrivée la veille du match à Bordeaux. On dîne ensemble dans un hôtel proche de Mérignac, où Rolland avait vécu lorsqu'il entraînait Bordeaux. Au début du repas, il annonce : "ce soir on ne jouera pas aux cartes, j'ai quelque chose avec Christophe". Comme il y avait du monde, je ne pose pas de questions. A la fin, on monte dans ma voiture et il m'indique le stade. Il s'était arrangé avec le gardien pour qu'on rentre et il m'explique qu'Ibrahim Ba avait ramené une poupée vaudou, qu'elle était enterrée sous un but et qu'elle avait porté chance aux Girondins. Il l'a donc enlevé... Je l'ai revu à Paris récemment, et je n'ai pas manqué de le chambrer. Le soir-même, l'OM avait perdu, s'était pris quatre buts en une mi-temps, je n'avais pas osé".
Contrairement à beaucoup d'autres biographies dans le football, tu ne t'épargnes pas. Tu n'as pas caché un épisode avec Bernard Pardo où, journaliste, tu annonces à sa femme que tu lui mettras une mauvaise note en réponse à sa remarque, que tu as été pendant une période journaliste et agent en même temps ou encore que tu es allé en garde à vue car un journaliste de L'Equipe t'avait demandé un coup de main pour confirmer une info. Tu ne te ménages pas.
C.H : "Pour être crédible et pris au sérieux par le lecteur, il faut aussi se mettre à nu. Qui a eu une vie linéaire, qui n'a pas eu à un moment donné des soucis ? Il y en a qui les encaisse plus que d'autres, mais il était impératif de tout dire. Il n'y a pas que du positif, un discours en ma faveur. De fait, le lecteur a plus tendance à me croire, et comprendre les passages où je suis un peu plus en difficulté".
Il est beaucoup question d'OM dans le livre. Même de la nouvelle direction. On sent qu'il y a beaucoup d'espoirs et d'attente de ta part avec les nouveaux dirigeants.
C.H : "Je pars du principe déjà qu'il ne faut jamais juger les gens sans les connaître. Et puis comment juger de façon crédible le recrutement, comme l'on fait certains, alors que l'on est à peine au quart du championnat ? Laissons du temps au temps. Je ne dis pas que tout ce qui a été fait, je l'aurais fait, je n'en sais rien. De toute façon, que ce soit à Marseille, à Manchester, à Paris, où vous voulez, il n'y a jamais 100% de réussite sur le recrutement. Il faut raisonner de façon globale. Le bilan du travail effectué, acteurs du football, médias et les nombreux supporters que l'OM compte à travers la planète, nous ne pourrons le faire qu'à la fin de la saison".
Si on se penche sur l'effectif de l'OM et les récents transferts, il y a des joueurs confirmés, de la place pour les jeunes formés au club, mais cela manque peut-être de paris, comme Mathieu Valbuena qui était venu de Libourne.
C.H : "Complètement, à l'image de ce qu'a fait Lyon, qui est allé chercher cette année Ndombélé à Amiens, et qui avait pris Tousart l'an dernier à Valenciennes. Il y a des super coups à faire aujourd'hui en Ligue 2 et en National. Maintenant quand on est l'Olympique de Marseille, quand on a autant d'objectifs et que l'on vient de reprendre le club, je peux comprendre aisément que faire venir des joueurs de l'étage en dessous, ça ne fasse pas éclater de rire des supporters qui attendent un renouveau. Ce n'est peut-être que l'étape numéro 2 dans le recrutement du club. Mais je pense qu'ils ne sont pas plus bêtes que d'autres. Et puis l'OM a la chance d'avoir Rudi Garcia. On aime ou on n'aime pas, mais on est obligé de le reconnaître, et je le dis d'autant plus librement que je ne suis pas un intime, c'est un garçon qui a réussi à Lille, qui avait fait du super boulot à Dijon, il ne faut pas l'oublier. Je sais que c'est presque un gros mot dans le Sud mais patience est mère de sûreté".