Suite à la débâcle face à Nice, l'ancien président olympien livre son analyse globale sur le club, en exclusivité au Phocéen.
Suite à la débâcle face à Nice et plus généralement à la désaffection des supporters, l'ancien président olympien Pape Diouf livre son analyse en exclusivité au Phocéen. Interview :
Pape, quelle est ta réaction face à la désaffection des supporters, comme le prouvent les récentes affluences au Vélodrome ?
"Aujourd'hui, ce qui caractérise le plus l'Olympique de Marseille, c'est ce manque de passion qui se prolonge au Stade Vélodrome, et même dans les prestations des joueurs. Le match qui l'illustre le mieux, ce n'est même pas celui d'hier, c'est le match face au Paris St-Germain. Comment faire admettre aux supporters que l'on peut perdre ce match chez nous après avoir mené et en jouant à 11 contre 10 ? Ce manque de passion touche l'équipe et les supporters. On a plus cette flamme qui faisait qu'à Marseille, par la foi, on arrivait à renverser des montagnes. Prenez les résultats du début de saison, l'OM a perdu contre Arsenal, Paris, Monaco, Naples... À chaque fois que l'OM jouait contre un adversaire présumé supérieur, il a perdu. Au delà de l'aspect technique, il n'a jamais su faire preuve de qualités morales, de coeur et de tripes, ce qui fait que les supporters ne suivent plus, il ne ressentent plus cette chose là. Si l'OM doit battre le PSG, ce ne sera pas en rivalisant sur le plan technique, mais en faisant montre de qualités mentales. Cette équipe-là ne possède pas ces qualités là."
Les supporters ne semblent plus s'identifier au club. Quel est ton avis là-dessus ?
"Quand le président nous dit que l'OM doit ressembler à Dortmund ou à Arsenal, qu'il veut être un président à l'Anglaise, c'est méconnaître la ville et le club. Ici, le président doit accepter d'être devant, de donner des coups, d'en recevoir. Alors oui, aujourd'hui, l'identification est peut-être moins évidente entre les supporters et la gouvernance du club, et c'est quelque chose que l'on peut regretter... Lorsqu'Eric Gerets tenait les rênes techniques du club, il y avait là un charisme qui transparaissait, alors qu'aujourd'hui cela manque un peu, c'est sûr."
Beaucoup rêvent de l'arrivée d'un investisseur, afin de ne plus être à la traîne face au PSG ou à Monaco. Est-ce souhaitable ?
"Il faudrait que la propriétaire veuille vendre, c'est la première condition... Et à supposer qu'elle veuille vendre, il y a un préjugé qui laisse entendre que les investisseurs potentiels craignent Marseille et tout ce qui se dit de négatif autour du club et ses alentours. Tout ça me semble relever de l'imaginaire. Je pense que si un investisseur se présente, il y a tout à fait la possibilité de faire un grand club à Marseille, et de redevenir le centre du football français comme on l'a toujours été. De faire de nouveau la nique à ces grosses écuries que sont Monaco et le PSG. mais il faut que la propriétaire décide de vendre, ce qui n'est pas le cas à ma connaissance."
En cas de rachat du club, serais-tu tenté par un retour aux affaires ?
"J'ai dit que je tournais la page et que je redevenais supporter. Maintenant, on ne peut jamais dire jamais. Je ne peux pas jurer que si demain, par mon action, je pouvais redonner au club une place plus conforme aux ambitions des supporters, je ne le ferais pas. Mais nous sommes quand même assez loin de tout ça."