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Interview

"C'est Margarita qui décide de tout"

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 04/04/2013 à 07:00

"C'est Margarita qui décide de tout""C'est Margarita qui décide de tout"

Elsa Conesa vient d'écrire "Margarita Louis-Dreyfus : Enquête sur la fortune la plus secrète de France". Elle décrypte pour nous la propriétaire de l'OM.

Après l'autobiographie de Pape Diouf et avant un livre sur l'OM par l'auteur de "La face cachée de L’Équipe" une biographie sur Margarita Louis-Dreyfus est sortie hier dans les bacs. Une "enquête sur la fortune la plus secrète de France" comme l'indique la couverture. Autant le dire de suite : l’œuvre ne regorge pas d'anecdotes croustillantes sur les coulisses du club, si ce n'est peut-être l'indemnité de départ de Didier Deschamps (1,5 millions d'euros). L'intérêt du livre est ailleurs. Il permet de mieux cerner la propriétaire de l'OM, de comprendre sa manière de fonctionner à travers sa vie, tout sauf ordinaire. A la plume, Elsa Conesa, journaliste pour le quotidien économique "Les Échos", qui a rencontré MLD pour la première fois il y a tout juste deux ans et qui a vite été fascinée par cette grande blonde avec un petit chien. Interview.

Elsa, comment vous est venu l'idée de faire une biographie sur Margarita Louis-Dreyfus ?

Elsa Conesa : "En fait, j'avais couvert l'actualité du groupe Louis-Dreyfus pour "Les Echos". Quand j'ai fait la connaissance de Margarita Louis-Dreyfus, j'ai eu envie d'en savoir plus. J'ai vu le contraste entre de cette femme, entre ce qu'elle dégage et ce qu'elle est en réalité. Au premier regard, elle concentre tous les clichés et tous les fantasmes malgré elle. C'est vraiment la blonde en fourrure, épouse de milliardaire, Russe, avec les paillettes. Mais c'est tout sauf une potiche. C'est une stratège, extrêmement déterminée. Puis sa vie, c'est un conte de fée : elle est née dans un milieu modeste, dans un pays fermé, elle est partie dans des circonstances étonnantes pour l'époque. Il y avait tous les ingrédients pour une matière très romanesque."

En cette période où les différentes personnalités du pouvoir de l'OM ces dernières années ne cessent de se tirer dans les pattes avec des versions diamétralement opposées des évènements, cela n'a pas dû être facile de démêler le vrai du faux.

E.C : "Concernant Margarita, les versions ne sont pas tellement différentes en fait. Moi ce qui m'intéressait, c'était sa relation avec l'OM. C'était donc plutôt le point de vue de l'actionnaire. Alors oui, je me suis entretenu longuement avec Vincent Labrune,  mais j'ai essayé de prendre de la distance avec l'actualité du football marseillais. Ma démarche, c'était de savoir si ça a du sens de conserver ce club pour elle, qu'est-ce que ça représente, est-ce que c'est aberrant économiquement de le garder".

Et alors ?

E.C : "Vendre ou pas vendre, je n'ai pas l'impression qu'il y ait débat tant que ça. Rationnellement, c'est une entreprise qui ne se valorise pas forcément très bien aujourd'hui, qui a régulièrement des acheteurs qui viennent mais qui ne sont pas très sérieux. Donc il faut être réaliste : on remet de l'argent, on essaie d'améliorer la gestion, et à partir de là on voit. Le sentiment que j'en ai eu, c'est que c'était assez simple finalement comme équation."

Le coup de l'affectif, de garder le club pour la mémoire de son mari, c'est un peu facile non ?

E.C : "Elle n'est pas très souvent à Marseille. Elle se repose beaucoup sur Vincent Labrune. Pour elle, ce n'est pas très important de garder ce club d'un point de vue financier. Ce n'est pas un gouffre, même si elle y remet de l'argent très régulièrement. A l'échelle de son patrimoine, ça reste gérable. Donc s'il n'y avait pas d'affect, elle n'aurait aucune raison de le garder".

Comment s'occupe-t-elle du club ?

E.C : "Elle ne comprend pas très bien l'éco-système marseillais et elle préfère laisser Vincent Labrune s'en occuper. Elle sait qu'il faut qu'elle se montre un petit peu mais ça ne va pas plus loin que ça. Après, elle ne se repose pas que sur lui, elle a d'autres conseillers qui regardent aussi l'économie du club, elle n'est pas dépendante de lui. Elle ne va pas chercher les informations sur le terrain mais elle regarde ça avec les paramètres les plus rationnels possible et elle prend des avis".

Finalement, quand on voit à travers le livre le peu de temps qu'elle a mis pour devenir un femme d'affaires redoutable, on pourrait se dire qu'il lui faudrait peu de temps pour devenir une grande présidente de club de foot. Ce n'est pas plus compliqué...

E.C : "Ah c'est sûr. Mais je ne suis pas certaine qu'elle en ait besoin. Le groupe Louis Dreyfus, elle a senti le besoin d'aller au combat car elle s'estimait menacée. Elle fonctionne comme ça, quand elle sent que ses intérêts sont en jeu, elle monte au créneau. Je ne pense pas qu'elle soit contestée à l'OM ou que quelqu'un veuille lui prendre le pouvoir. Alors oui elle pourrait le faire, mais mon analyse, c'est que ça ne lui apporterait pas plus que ce qu'elle a aujourd'hui. Parce que c'est quand même elle qui décide de tout aujourd'hui. Quand elle ne veut pas signer un chèque, elle ne le signe pas. Quand elle annonce à Vincent Labrune qu'elle ne veut pas finalement céder la régie publicitaire l'été dernier, il ne s'y attendait pas. Il lui a fallu trouver une autre solution alors que c'était quasiment fait. Ceci dit, pour répondre à la question initiale, elle n'est pas passionnée de foot donc je doute qu'elle fasse ça."

Elle garde peut-être la place au chaud pour un de ses fils. Dans le livre, vous racontez que Kyril, l'un de ses jumeaux, lui a dit un jour : "Si tu vends l'OM, je te le rachète".

E.C : "Je ne sais pas si elle compte le garder pour ses enfants. Mais en tout cas c'est certain qu'ils sont dans le paysage et que leur passion pour le foot est très importante pour elle".