Boudjellal : "L'OM peut gagner de l'argent !"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 29/02/2016 à 17:45
Enfant du Sud-Est et amoureux de son RC Toulon qu'il a racheté il y a dix ans, le médiatique Mourad Boudjellal est aussi un passionné de l'OM, dont il suit en voisin les péripéties. Incollable sur le passé du club et sur son actualité, il porte évidemment un regard avisé sur la situation actuelle de l'équipe phocéenne.
Au-delà d'un simple commentaire sur les mauvais résultats cette saison, Le Phocéen a voulu savoir ce que pensait Mourad Boudjellal des rumeurs de vente du club et sur la recherche d'investisseurs par la direction actuelle. Interview :
- Quel est votre regard sur ce dossier de la vente de l'OM dont on parle beaucoup actuellement ?
"Déjà, Vincent Labrune a enlevé un frein en récupérant la vente des abonnements en virages qui représentait une difficulté dans le modèle économique du football actuel. Les tribunes sont un axe de développement important qui a beaucoup bougé ces dernières années et il faut que le club ait la mainmise totale sur ce secteur. Là où on vendait un billet sec il y a quelques années, on va vendre demain un billet avec une place de parking, des boissons, de la restauration et beaucoup de produits additionnels qui vont avec. Tout cela compte dans le business plan, et c'est une bonne chose de l'avoir récupéré".
- On entend régulièrement qu'un club de football en France, et l'OM en particulier, ne peut pas gagner d'argent. C'est votre avis ?
"Pas du tout ! On m'avait dit ça dans le rugby et j'en gagne, de l'argent. Ce sont des entreprises de spectacle avec des charges et des produits, et ces charges doivent correspondre à des produits. Il ne faut surtout pas se placer dans une logique économique d'un outil industriel classique, car on vend du rêve et ce rêve produit de l'argent. Mais si on se dit 'j'investis tant pour gagner tant', ça ne marche pas ! Ce n'est pas du solide, c'est de l'immatériel. Avec un club comme l'OM qui a une âme, il y a beaucoup de choses à faire, et même plus qu'avec le PSG, qui est beaucoup moins populaire".
- C'est donc une question de mode de gestion ?
"Vincent Labrune a des objectifs budgétaires à tenir et il s'y est tenu, mais il n'a pas vu que les charges qu'il allait économiser n'étaient rien par rapport au produit qu'il allait perdre, et c'est ce qui s'est passé. Effectivement, il a économisé sur sa masse salariale, mais il a vu ses droits tv baisser car il était moins bien classé, et aussi sa billetterie et ses produits dérivés. En économisant ces charges, il a donc perdu un énorme chiffre additionnel. Le pari de baisser les charges tout en maintenant le produit n'a pas fonctionné".
- D'accord, mais vous qui connaissez cette problématique, vous savez combien les grands joueurs sont chers dans le football...
"Oui, mais avec le potentiel très fort de l'OM, on peut développer une économie. Labrune est obnubilé par la rigueur budgétaire parce que ce n'est pas son argent, mais le club a besoin d'une gestion beaucoup plus offensive".
- Vous dites que l'OM est plus populaire que le PSG, mais le Qatar a investi à Paris et pas à Marseille. Pourquoi ?
"C'est l'image de Paris. Quand le PSG gagne son premier titre de champion, ils vont faire l'image sur le Trocadéro avec la Tour Eiffel que l'on connaît dans le monde entier. Pour le Qatar, Paris c'est l'image de la France, bien plus que Marseille".
- Cette difficulté à trouver des investisseurs est aussi liée aux affaires et à l'image parfois sulfureuse du sud-est de la France. Vous qui dirigez Toulon, vous confirmez ?
"On fait automatiquement le lien avec la mafia, mais ce sont les a priori du monde parisien. Quand je vois Labrune, je n'ai pas l'impression de voir Tony Soprano. Des affaires, il y en a dans d'autres clubs aussi, il y en a même à la FIFA ! C'est la légende du Sud, on a même dit qu'ici, à Toulon, on blanchissait de l'argent. Dès qu'on réussit ici, il y a forcément le milieu derrière".
- Un peu de fiction pour finir : si vous quittiez le RCT, est-ce que vous pourriez tenter l'aventure à l'OM ?
"Non, le dossier est un peu gros pour moi. C'est quand même quelques étages au-dessus du RCT. Au-delà de l'aspect économique, je ne suis pas sûr d'avoir les compétences requises. Moi, je gère une épicerie, et l'OM, c'est une grande surface (rires) !".
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