Le contre-feu de l'arbitrage

Pour Didier Deschamps, l'OM est lésé depuis le match de Brest par des décisions arbitrales douteuses, une tendance qui s'est accentuée sur les deux derniers matchs, tant et si bien que cela devient "injouable" selon les mots de l'entraîneur marseillais. Effectivement, comme nous l'avons listé ci-dessous, les Olympiens n'ont pas été aidés par l'arbitrage avec 9 décisions défavorables sur les 16 derniers matchs.

Mais cela est trop facile d'allumer, dès que l'opportunité de faire un débriefing se présente, des contre-feux sur l'arbitrage, pour masquer les réelles raisons de toutes ces défaites. Car lorsque Deschamps focalise uniquement l'attention sur les penaltys non sifflés à Bordeaux et à Lorient, nous, nous n'oublions pas le but encaissé après 30 secondes de jeu, la faute bête de Morel sur Campbell, ou le dillétantisme de la charnière centrale en début de match contre Caen. Et encore, ce n'est rien à côté des innombrables tirs non cadrés, des centres ratés, des passes mal ajustées, des duels perdus, de la faiblesse du jeu collectif. Si l'équipe de coach DD était plus performante sur le terrain, il n'y aurait pas à se plaindre de ces erreurs d'arbitrage.

D'accord, il y a un léger mieux dans le jeu, d'accord, rien ne réussit en ce moment à l'OM, mais de grâce, un peu plus de dignité en sortant du vestiaire ne serait pas du luxe. Au vu de la situation actuelle de l'OM, stigmatiser les arbitres n'apporte rien, dans le sens où les joueurs (et l'entraîneur) ne se remettent pas en cause et tombent dans une nervosité ambiante qui tire l'équipe vers le bas. Car, au lieu que ce sentiment d'injustice ne les révolte et les pousse à réagir dans le jeu, on a vu des Olympiens mettant des coups gratuits sur la pelouse du Moustoir. Où est la clairvoyance ? Ce manque de jugeote se traduit aussi par ces fautes dans la surface entraînant penalty sur penalty (5 concédés en 12 matchs !).

L'OM a touché le fond, et si certains ont l'honnêteté de tenter l'électrochoc en appuyant là où ça fait vraiment mal (Mandanda, Mbia, Amalfitano...), les autres, en grande majorité, préfèrent se morfondre sur les erreurs d'arbitrage ou le manque de réussite. Les fameux dieux du football leur ont tourné le dos. Mais à les voir chacun tenter leur numéro de leur côté, il y a de quoi se dire que ce sport est définitivement bien fait, lui qui récompense avant tout les équipes qui font du sacrifice collectif une de leur valeur primordiale, qu'elles s'appellent Lorient ou Chelsea. Et puis, si Deschamps est si pointilleux sur ces faits de match, pourquoi n'a-t-il pas relevé le penalty oublié aux Lyonnais à la dernière minute de la finale de la Coupe de la Ligue (le coup de pied d'Amalfitano sur Lacazette) ? Certainement car il était trop occupé à déverser sa rancoeur envers ses "pires ennemis" après cette pauvre finale, unique match gagné sur les 16 dernières rencontres jouées.

Non, vraiment, il y a trop de tensions autour de cette équipe et cela fausse le jugement de chacun. Il est pourtant clair... "Vous avez été mauvais" avait lancé Deschamps à M. Chapron samedi dernier à Bordeaux. "Vous aussi !" avait-il reçu une guise de réponse.  C'est cruel, un poil insolent, mais parfaitement résumé : les arbitres ne sont pas bons, mais l'OM n'est pas vraiment en position de la ramener.