Greg, membre de la communauté phocéenne, lance un appel aux groupes de supporters marseillais
Greg, membre de la communauté phocéenne, lance un appel aux groupes de supporters marseillais :
Lettre Ouverte aux Groupes de Supporters.
Mesdames, Messieurs,
Depuis bientôt 30 ans, vos groupes sillonnent la France pour supporter notre équipe dans tous les matches. Et ils s’époumonent au Vélodrome pour faire de ce stade l’une des ambiances les plus chaudes de France et d’Europe. Cette ferveur, que certains disent en train de s’éteindre, m’a convaincu dès mon arrivée en France, alors que l’OM évoluait en D2, que la passion marseillaise se rapprochait le plus de ce que j’avais connu dans mon enfance, dans les stades d’Argentine.
Plus tard, une fois que les moyens le permirent, j’ai commencé à aller au stade. D’abord occasionnellement, puis en abonné au virage nord. Et une chose m’a marqué par-dessus tout. Plus que les dissonances entre virages, entre groupes de supporters, ou parfois même à l’intérieur d’un groupe… Plus que les sifflets, la disparition des fumigènes ou la grève des encouragements… Ce qui m’a interloqué, c’est le rythme.
Observez vos galériens frapper sur leurs tambours et vous comprendrez ce que je veux dire. Quasiment tous les chants marseillais sont faits sur le même rythme. Soutenu, en plus. Ce qui les rend particulièrement difficiles à tenir sur le long terme. Je prends l’exemple de ce chant très connu des supporters argentins, qui peut être maintenu sans discontinuer pendant 15-20 minutes (cf la première vidéo ci-dessus).
Vous savez bien que sa version phocéenne est beaucoup plus rapide. Pour parler en termes techniques, environ 100BPM pour la version argentine contre 160 à 170 pour la version de l’OM. Et de manière générale, tous les chants que j’ai pu entendre en virage sont assez rapides. Je n’ai pas souvenir d’un seul chant tenu en dessous des 150BPM.
Pourquoi est-ce que je vous fais chier à vous parler de ça ?
Tout d’abord, parce qu’il est difficile pour des supporters de tenir 90 minutes à ce rythme-là. Parfois, pour faire bouillir un stade, il faut s’y prendre plus doucement, avec un chant plus lent et longuement soutenu, pour que tout le stade finisse par le reprendre. C’est ce que les supporters de San Lorenzo ont appris à l’Argentine tout entière. Ils sont sans doute les plus créatifs de tout le pays, et ont sorti de leurs tribunes des chants devenus hymnes nationaux, comme leur reprise de Bad Moon Rising, devenue le célèbre « Brasil decime que se siente » cet été au Brésil (cf la deuxième vidéo ci-dessus).
Ensuite, parce que le rythme, et tout particulièrement le changement de rythme, sont la clef de la réussite d’un match à domicile. Je m’explique : il est courant, en Argentine, que les entraineurs et les joueurs-cadre de l’équipe se réunissent avec les chefs des « barras bravas » avant les matches à domicile afin d’établir ensemble la feuille de rythme du match. Le coach peut ainsi faire passer ses instructions, et dire à quel moment (ou sur quel signe) il désire que le jeu soit posé, ralenti, ou à quel moment il veut l’accélérer. Les barras bravas sont alors des instruments indispensables de cette gestion du rythme. Le coach souhaite poser le jeu après un but ? On lance 10 à 15 minutes d’un chant lancinant et entrainant, du type de ceux dont je parlais plus haut. Il veut accélérer le tempo parce qu’on est sur le point d’en mettre un ? Les barras bravas entament des séries de chants courts et entrainants, à des rythmes plus élevés. Inconsciemment, cela a une incidence sur les joueurs, adverses comme de notre équipe.
Un tempo bien régulé peut endormir ou réveiller une équipe, et Marcelo Bielsa le sait. Un coach comme lui ne laisse rien au hasard. Il ne serait pas inutile que vous proposiez de vous réunir avec lui, non pas pour lui faire part de vos attentes ou de vos désidératas, mais pour savoir comment, avec les chants et leurs rythmes, vous pouvez l’aider à établir le rythme des rencontres. Pour ma part, je tâcherai d’apporter ma pierre à l’édifice en mettant en avant sur ce blog les chants de supporters les plus innovants que je trouverai en Argentine ou ailleurs, avec pourquoi pas parfois quelques propositions de versions phocéennes. Et je profiterai aussi de cette plateforme pour relayer les chants de supporters marseillais, parfois encore méconnus de ceux qui ne fréquentent pas les virages. "
Greg, "Le Schtroumpf"