Il fallait s'y attendre. Pointé du doigt depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, Andoni Zubizarreta se retrouve aujourd'hui sous le feu de la rumeur, suite à un mercato commenté sous toutes ses coutures, et même au-delà. Son influence, ou plutôt son manque d'influence supposé sur les choix de joueurs est au centre du jeu, et cela ne date pas d'hier. L'hiver dernier, déjà, de nombreuses voix s'interrogeaient sur l'opportunité de faire venir un directeur sportif espagnol de ce standing pour recruter Payet, Sanson et Sertic. Une question rapidement balayée par les bons résultats et l'enthousiasme suscité par la nouvelle équipe dirigeante. Mais le sujet revient sur la table depuis quelques jours, avec les difficultés rencontrées en cette fin de mercato. Cette fois-ci, au-delà des interrogations sur les choix de joueurs, on insinue que le Basque est "lassé" de ne pas être suffisamment écouté par Garcia. L'Equipe relayait même hier mercredi les propos d'un agent connaisseur du club olympien : "Il va quitter l'OM, et ça arrange tout le monde". Bim ! La rumeur est lancée, même si le off est de rigueur.
Pas vraiment étonnant, compte tenu de l'onde de choc provoquée par les six buts encaissés à Monaco. La rumeur est une spécialité solidement implantée à l'OM, surtout lorsque ça tangue. Jacques-Henri Eyraud le sait, et sait surtout qu'il n'a aucun intérêt à la commenter, comme il l'explique au Phocéen : "Andoni est quelqu'un de remarquable, et il n'y a absolument aucun problème. Ce sont des rumeurs à la noix, et la meilleure façon de les légitimer serait de réagir. Ce n'est pas la première et ce ne sera pas la dernière, donc pas de commentaires". Les supposés frottements entre son directeur sportif et son coach relèvent aussi de la rumeur, principalement en provenance des agents. D'ailleurs, si Zubi n'a pas récolté que des fleurs en Espagne, son relationnel n'a jamais été mis en cause, comme l'explique ce recruteur de Liga : "Ce n'est pas un tordu, le genre de gars qui va faire une opération pour toucher une commission. C'est un gars loyal et bien élevé, une vraie pointure, sans agents qui tournent autour de lui". Même chose du côté des agents français, comme Bruno Satin : "C'est une personne très humble, mais qui en impose physiquement. Il est très tranquille et capable de prendre du recul, ce qui est une qualité dans un volcan comme l'OM". D'ailleurs, le Basque s'est expliqué récemment sur sa relation avec son entraîneur (vidéo).
Mais alors, que reprocher à Zubizarreta ? Sa trop grande tranquillité peut-être, et surtout sa trop grande discrétion lorsqu'il s'agit d'expliquer les difficultés d'un mercato devenu fou. D'où les achats de dernière minute de Mitroglou, proposé par un agent comme Gustavo, et d'Abdennour, sorti pourtant des tablettes de l'OM depuis longtemps. Des opérations peut-être mal gérées, mais qui s'expliquent par la flambée des prix provoquée en quelques jours par le PSG et le Barça avec Neymar, Mbappé et Dembélé. En gros, on reproche à l'OM de ne pas savoir travailler comme Monaco, mais le système mis en place sur le Rocher est un travail de longue haleine, alors que l'OM fonctionne encore au coup par coup. C'est d'ailleurs, pour nous l'essentiel de la mission de Zubi. L'OM doit se doter d'une capacité d'anticipation sur les jeunes joueurs, que ce soit par le biais des programmes de formation mis en place depuis quelques mois, mais aussi et surtout sur les 18-22 ans à fort potentiel, secteur sur lequel le club n'est pas encore assez présent. Il est encore trop tôt pour juger le travail de Zubi, et sa présence reste un atout à condition de savoir s'en servir. Mais il est temps d'expliquer son action et de commencer à en récolter les fruits, car la rumeur, elle, ne dort jamais...