Sans Payet, l'OM est une équipe comme les autres
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 02/10/2018 à 07:00
Pour sa troisième défaite de la saison en 8 matches de Ligue 1, l'OM n'a pas fait les choses à moitié en s'inclinant lourdement et logiquement à Lille (3-0). Comme pour confirmer, s'il y avait encore un doute, que l'équipe ne tourne pas rond et qu'elle n'a plus grand-chose à voir avec cet OM qui nous a si souvent fait frissonner la saison dernière. Ce constat, Rudi Garcia et les dirigeants l'ont évidemment fait, et s'il est d'usage de ne pas tirer la sonnette d'alarme trop tôt, nul doute qu'ils sont déjà en train d'analyser les manques de cette formation qui, pourtant, ressemble comme deux goutes d'eau à celle de l'an dernier. En attendant, outre le retard à l'allumage des champions du monde et des leaders en général, on peut déjà pointer l'une des failles de l'équipe : sa trop forte dépendance à la forme de Dimitri Payet. On l'a vu lorsque le Reunionnais n'était pas dans son assiette, mais encore plus lorsqu'il n'était pas là tout court. C'était le cas dimanche à Lille, où il a passé 65 minutes sur le banc. 65 minutes durant lesquelles l'OM n'aura jamais réussi à inquiéter son adversaire et finira par plier sur une première accélération de Pépé. Évidemment, le Réunionnais n'inversera pas la tendance durant sa demi-heure de présence sur le terrain, mais son aisance technique a ouvert des brèches dans la défense lilloise et redynamisé un OM qui, malheureusement, lâchera prise dans les 5 dernières minutes.
Cette dépendance n'est, en soi, pas gênante. Payet n'est pas n'importe qui, et il n'est pas anormal que l'équipe soit meilleure avec lui que sans. Ce qui l'est, c'est que cet OM ne soit pas capable d'être dangereux sans lui, comme l'explique le consultant du Phocéen Jacques Bayle : "À Lille, la photo était flagrante. On voit l'équipe complètement écartée, avec des trous béants entre les centraux et les attaquants. Il y a un vide incroyable au milieu, et ce n'est pas nouveau cette saison. La liaison entre les lignes ne se fait pas, et il n'y a effectivement que Payet, par sa qualité de pieds, qui arrive à donner des passes précises pour donner un semblant d'animation. Même Sanson, quand il est là, me parait emprunté à ce niveau. Hormis Payet, personne n'est là pour orienter le jeu. À Lille, si j'avais été Garcia, j'aurais laissé Thauvin à sa place et j'aurais mis Lopez à la baguette. OK, Garcia l'utilise plus comme un 6 ou un 8 depuis deux ans, mais on connait son aisance technique dans les passes. Il aurait pu être utile dans les transitions. En tout cas, cela aurait plus ressemblé à quelque chose que ce que l'on a vu". Impressions confirmées par l'ancien Olympien Bernard Bosquier qui, visiblement, a vu le même match. Pour lui, Payet est l'un des seuls à ne pas avoir peur du ballon en ce moment : "Lorsqu'il n'est pas là, il n'y a aucune animation offensive, on dirait que personne ne veut la balle. Vu que les milieux défensifs ou les défenseurs centraux ne montent pas faire le surnombre, on a vraiment beaucoup de mal à gêner les équipes adverses. Dimitri est le seul qui vient entre les lignes pour demander et créer. Les autres, et je pense notamment aux milieux qui savent manier le ballon comme Sanson ou Lopez, doivent être capables de prendre le relai quand il n'est pas là".
Pour étayer le propos, il est intéressant de se pencher sur la fin de saison dernière, lorsque Payet était blessé. Dans un collectif qui tournait beaucoup mieux que l'actuel, son absence se faisait évidemment moins sentir, mais quand même : une courte victoire 2-1 contre Amiens lors de la dernière journée, et deux matches nuls à Guingamp et à Angers (voir la vidéo). Mais à l'époque, ceux qui étaient sur le terrain étaient capables de combler le vide, même en partie, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. De quoi se demander si Garcia n'a pas commis une erreur en voulant faire souffler son meneur de jeu. "Je ne comprends pas bien pourquoi il ne fait pas démarrer Payet, regrette Jacques Bayle. On m'explique qu'il souffre d'une gêne musculaire, mais il est quand même sur le banc et il entre en jeu. Ca veut dire qu'il était en capacité de jouer, non ? OK, il y a beaucoup de matches et il faut faire tourner, mais c'était quand même un match pour la deuxième place. Pour tourner, il y a le match contre Limassol, pas celui-là". C'est là tout le dilemme : Garcia doit parfois faire l'impasse sur un joueur indispensable mais fragile. Malheureusement, dimanche, ce n'était pas le moment...