Rudi Garcia, consultant 100 % cash

C'est incontestablement l'une des belles surprises de ce premier tour de Mondial, et elle n'est pas sur le terrain, mais dans la tribune commentateurs. En effet, même en période de trêve, les supporters marseillais ont le plaisir de garder le contact avec leur coach, puisque Rudi Garcia s'est offert une petite prolongation en commentant les matches aux côtés de Christian Jeanpierre sur TF1. Pas les matches des Bleus, réservés au duo Margotton-Lizarazu, mais la plupart des autres, et on ne s'en lasse pas. Pas que les supporters de l'OM d'ailleurs, car "Roudi" fait aussi un malheur sur les réseaux sociaux, où ses analyses enflammées lors de Portugal-Espagne ont été (presque) autant commentées que les exploits de CR7. Seuls quelques rabat-joies - principalement dans la profession - déplorent sa propension à cannibaliser Christian Jeanpierre, voire à en faire son consultant, tant il occupe l'espace sonore. Mais ce dernier ne s'en offusque pas, bien au contraire : "Je suis ravi de voir que ses compétences sont reconnues, explique-t-il au Phocéen, mais ce n'est pas du tout une surprise, car j'avais commenté l'Euro 2016 avec lui, et j'avais vu qu'il avait ce truc-là. Il a l'oeil du coach et il est sans filtre, il dit tout ce qu'il pense. Il peut juger une action et se déjuger derrière sans que cela pose problème. Les gens adhèrent car c'est un consultant très agréable à écouter. Il emploie des mots simples, il a une parfaite connaissance des modèles tactiques, et c'est la bonne recette".

Un consultant sans filtre, c'est exactement ce qui vient à l'esprit lorsque Garcia déplore une passe pas assez appuyée, un changement trop tardif, ou même une compo pas à son goût. Quand il n'aime pas, Rudi le dit, comme s'il était à côté de vous à grignoter des chips sur le canapé. Un vrai bonheur, quand la plupart de ses homologues prennent soin de ne jamais se mouiller et de ne surtout froisser personne. "Voilà, il ne va pas hésiter à critiquer un coach ou un joueur, mais il peut aussi se déjuger, confirme CJP. Il reconnait qu'il s'est planté et il le dit simplement. Il a ce truc qu'avait Bernard Laporte en rugby, de commenter simplement et d'avoir l'oeil". Spontané et exigeant, Garcia l'est aussi avec les réalisateurs, qu'il a gentiment mais fermement bousculés lors des premiers matches, leur reprochant de ne pas envoyer les bons ralentis en privilégiant un dribble inutile au lieu d'une récupération cruciale, ou alors de cadrer serrer quand il faut montrer large. "Il est comme ça ! Mais c'est toujours de manière amicale, l'excuse le gentil CJP. Quand il pense quelque chose, il le dit. Et quand une image ne lui plait pas, il la commente".

Du coup, sans chauvinisme aucun, on a envie d'encore plus de Garcia à l'antenne, tant les matches avec lui paraissent encore plus intéressants qu'ils ne le sont déjà. "Si les gens adhèrent, je trouve ça super, savoure Jeanpierre. Pour ne rien vous cacher, je suis enchanté de cette collaboration. Je savais qu'on allait s'éclater, et on prend un vrai plaisir à travailler ensemble. C'est top !". Ce qui serait top aussi, surtout pour nous, ce serait d'en profiter pour lui arracher quelques infos sur ses recherches mercato pour l'OM, mais ce n'est pas trop le style de la maison Jeanpierre, malheureusement : "Non, je ne suis pas comme ça (rires). C'était la même chose lorsque je bossais avec Arsène (Wenger), les cloisons étaient étanches. Je pense qu'il doit parler avec son président le soir quand il est dans sa chambre, mais je le laisse tranquille là-dessus. La seule chose que je lui demande, ce sont des nouvelles de ses trois joueurs chez les Bleus, mais pas plus". Pas grave, on s'en contente, en espérant que son style "sans filtre" ne s'estompe pas au fil des matches...