Quand le discret Bouna Sarr joue des coudes
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 12/02/2018 à 07:00
À Marseille, on aime les success-stories, d'autant plus lorsque le héros part de loin, et en ce qui concerne Bouna Sarr, on peut dire qu'il est parti de tellement loin qu'on ne l'a pas vu arriver. Acheté au FC Metz à l'été 2015 pour 1,5 M€, il fait figure à l'époque de pari sur l'avenir au poste d'ailier droit. Son principal fait d'armes avait été de briller quelques mois plus tôt face à l'OM, et en exagérant à peine, cela le restera jusqu'en décembre dernier. Deux ans et demi de bouts de matches, de dribbles ratés et de moqueries sur les réseaux sociaux pour le jeune Lyonnais formé en Lorraine. Jusqu'à ce soir de décembre 2017, lors du match aller face à Saint-Etienne précisément (3-0), où il s'illustre brillamment au poste de latéral droit. Depuis, Bouna déroule, profitant de la blessure de Jordan Amavi pour s'installer dans ce couloir pendant que son concurrent Sakai dépanne à gauche. Tout semble alors arriver d'un seul coup, avec cette information de L'Equipe vendredi dernier. Didier Deschamps et son staff suivent ses performances de près ! Il faut dire qu'il n'y a pas pléthore de spécialistes à ce poste derrière le Monégasque Sidibé, et de là à voir le discret Bouna en Bleu, il n'y a qu'un pas qu'on aimerait tous le voir franchir, même si lui modère les ardeurs : "J'ai reçu des messages. On m'en a parlé, mais ce n'est pas une chose à laquelle je prête attention pour le moment. Vous savez très bien que je reviens de loin. Je préfère donc continuer à me concentrer sur mes performances en club. Rien n'est impossible dans la vie. Il faut que je continue à bosser" (sa réaction en vidéo).
Ce goût pour l'effort, son ancien directeur sportif au FC Metz Philippe Gaillot l'avait déjà détecté à l'époque, comme il nous l'expliquait récemment : "Ce qui m'a frappé chez lui quand il était avec nous, c'est qu'il a toujours été à l'écoute. Il a une énorme envie de réussir, et quand on lui demande quelque chose il est capable de s'y mettre à fond. Il est discret, mais très déterminé". Un Philippe Gaillot, tout de même étonné par la trajectoire de son ancien protégé : "J'avoue que j'étais un peu surpris, car Bouna a toujours eu une vraie vocation offensive. Chez nous, il a débuté meneur de jeu chez les jeunes, puis on l'a mis en percussion sur le côté. Je me souviens qu'avec le coach Albert Cartier on a dû le faire beaucoup travailler pour qu'il apprenne à défendre et à se replacer, car il n'avait pas les bases. Mais de là à penser qu'il devienne défenseur latéral, c'était difficile à imaginer".
Surpris, Bernard Bosquier l'est aussi. Spectateur attentif du match vendredi dernier, l'ancienne légende des Verts et de l'OM a encore vu un Bouna Sarr tranchant, et il comprend l'intérêt du sélectionneur pour ses performances : "Oui, car il est vraiment intéressant. Moi le premier, je ne le pensais pas capable d'être aussi bon à ce poste. Il est rapide, vif, adroit et il ne lâche rien. Il me fait vraiment bonne impression, avec en plus une adaptation très rapide". La récompense d'un gros travail personnel et d'une faculté à enregistrer les consignes plus vite que la moyenne, le tout ajouté à un physique adapté aux exigences du poste. "Il peut prendre la profondeur dans le couloir avec son gros volume de jeu et sa capacité à répéter les courses, explique Philippe Gaillot. Il va très vite et a une bonne reprise d'appuis, ce qui lui permet de réagir face à un attaquant rapide. Il a bien compris comment couvrir l'axe quand le jeu est de l'autre côté et suppléer les centraux. C'est ce qu'il y a de plus difficile à assimiler quand on n'est pas défenseur de formation, et visiblement, il a bien pigé ça".
À cette belle saison de notre équipe préférée, Bouna Sarr vient ajouter ce petit plus qui nous donne encore plus envie de vivre l'aventure olympienne. Elle se poursuivra peut-être pour lui en bleu, ou pas, peu importe. D'où il est parti, le discret Bouna a déjà fait très fort.