Des enseignements du match des Bleus ?

L'équipe de France a perdu 2-0 à Wembley en amical contre l'Angleterre. Si le score n'est déjà pas la chose la plus importante dans une rencontre amicale internationale, elle l'est encore moins dans cette partie dont le principal intérêt se situait avant le coup d'envoi : l'attente était en effet autour d'une fort belle Marseillaise, entonnée avec passion par tout un stade. Le match ? La plupart des joueurs l'ont disputé au petit trot, parce qu'il fallait satisfaire un président de la Fédération qui ne s'était "même pas posé la question" de son report. Difficile dès lors, même pour Didier Deschamps - encore plus pour lui même, de se faire une idée sur les modifications dans la hiérarchie des Bleus suite à cette prestation. La logique voudrait que ce match n'ait servi à rien, et que les places des incertains pour l'Euro se disputeront sur les deux derniers matchs amicaux de mars, contre les Pays-Bas puis la Russie. 

Sauf qu'un match de l'équipe de France n'est jamais anodin. Au-delà du jeu, il y a des attitudes, des comportements à repérer. Surtout pour un sélectionneur qui sait l'importance que le vécu commun a dans une aventure humaine. "On a vécu des choses très fortes. Ce sont des évènements de la vie qui doivent nous permettre de grandir aussi" glissait-il à la fin de la partie. Pendant quelques jours, ce groupe a dû supporter ensemble une atmosphère pesante dans sa retraite de Clairefontaine. Même s'il est déplacé de fonder des espoirs dessus, il est probable que les bases d'un possible succès à l'Euro en juin prochain aient pris racine dans ces journées difficiles où le groupe a discuté ensemble des problèmes profonds de notre société. Ce qui doit changer des discussions concernant le contenu de certains téléphones portables... Si ça se trouve donc, Didier Deschamps ne voudra plus trop toucher cette sélection. Lassana Diarra, qui a tenu à rester avec le groupe, a peut-être donné un bon coup de solidarité à ses camarades. 

Cette rencontre, le milieu de l'OM l'a démarré sur le banc. Il est rentré à l'heure de jeu, recevant la plus grande acclamation de Wembley. Ces mots touchants sur les réseaux sociaux sont donc visiblement universels. De son match, il n'y a quasiment rien à retenir. Mais, les prestations de Cabaye et Schneiderlin, respectivement relayeur et sentinelle sur ce match, montrent que la donne a changé. Les trois places du milieu sont façonnées désormais par Pogba, Matuidi et Diarra. Aux autres de se fondre dans le moule, ce qui ne se fait pas naturellement. Pour le poste de gardien de but, même si Lloris n'est pas exempt de tout reproche sur le premier but encaissé, Steve Mandanda ne peut rien espérer. C'est peut-être aussi le cas pour Benjamin Mendy. Lucas Digne, à la relance depuis qu'il joue à la Roma, a retrouvé des couleurs avec un match plein d'envie. Enfin, pour ceux qui comptaient sur ces matchs de novembre pour voir si Cabella et Alessandrini avaient une infime chance d'accrocher le wagon des Bleus au dernier moment, cela va être très difficile. Malgré l'enjeu sportif devenu subitement secondaire, malgré les absences de Valbuena, Fékir, Lacazette et Benzema, un gouffre les sépare de Griezmann, Martial et même du petit nouveau, Kingsley Coman.