Ayew : après les larmes, aux armes !
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 11/02/2015 à 07:00
Les images d'André Ayew en pleurs sur la pelouse de Bata dimanche soir (voir ici) ont ému, choqué certains, fait pleurer d'autres. Chacun sa sensibilité après tout. Mais cette scène parlait d'elle-même. Un joueur, que l'on pensait indestructible, a craqué, s'est effondré devant les caméras du monde entier. Tout simplement. En homme qu'il est. Avec sa fierté, son orgueil, mais aussi ses faiblesses. Toutes ne sont pas honteuses, loin de là, et elles sont inscrites dans les gênes de tous. Et un footballeur, encore plus chez lui d'ailleurs, connait parfois ces moments rares, où la pression s'évacue, où la frustration intérieure doit s'exprimer, où la colère doit jaillir et où la tristesse se montre à son grand jour. Tout ça, on le retrouve dans les larmes d'André. Cette peine, ineffable, d'être passé à côté de quelque chose de grand. D'immense même. Cet honneur de ramener le trophée aux siens, de pouvoir communier avec ses compatriotes, d'être l'un des héros de la nation, un de plus dans cette famille en or. André Ayew, inconsolable sur ce rectangle vert, ne le connaitra peut-être jamais, même s'il n'a que 25 ans.
On ne peut jamais prévoir de quoi l'avenir sera fait. Tant de grands joueurs africains n'ont jamais connu ce bonheur. Certains n'ont même jamais été en position de décrocher le Graal. D'autres l'ont touché du bout des doigts, si près, et si loin à la fois. Le train n'est jamais repassé, et aujourd'hui, cela reste encore une blessure douloureuse, car rien ne remplace un triomphe sous le maillot de la sélection. Ce 'jamais' qui se répète tant ne doit cependant pas être une fatalité, et presque tous les plus grands s'en sont relevés. Pas tous, il est vrai, mais les plus forts ont relevé la tête. Ailleurs, loin du continent. Dans leur cocon européen, où ils vivent au quotidien, loin des tracas d'une terre soumise à des conflits d'un autre temps pour nous, simples habitants du vieux continent. Cet ailleurs, c'est ici, en Europe, où le football rythme nos semaines. Où le calendrier d'une saison de championnat soulage celui de l'école ou du boulot. Repères bousculés, mais passion intacte, ou presque, où ce club 'mythique' qui est le nôtre fait vivre des hauts et des bas, et accompagne nos vies, dans les joies et dans les peines. C'est sans doute ça aussi qui coulait sur les joues d'André Ayew, ce sentiment, non pas de honte, car il n'y a pas lieu d'en éprouver, mais de tristesse, de ne pas avoir pu apporter ce trophée que tout un peuple attendait depuis 1982. Il n'était même pas né le minot, quand le tout jeune Abedi le souleva, à 17 ans.
Et maintenant ? Comment réagira ce compétiteur né ? Lui seul détient la réponse et la clef pour vivre une fin de saison passionnante. Il faudra digérer, accepter, passer à autre chose, évacuer le vague à l'âme, revenir à la Ligue 1, où tout est encore jouable pour l'OM. Ne pas penser également à l'après. Celui du temps du départ, où il faudra tourner la page, celle d'un club qu'il aime tant et qui l'aime tant, mais n'est pas disposé à lui offrir ce qu'il désire. Tant pis, le minot partira et le club laissera filer l'un de ses plus beaux joyaux, qui, lui, ne s'est jamais caché. Le Petit Prince de Marseille n'est pas toujours celui que l'on croit. En tout cas, chacun a le sien, c'est le principal après tout. Et Dédé, lui, il s'en fout, du moins en façade, il passera à autre chose, ailleurs, où il sera reconnu à sa juste valeur, lui, le guerrier d'Accra au coeur brisé. Allez, Dédé, surmonte ta peine, l'OM a besoin de toi, du moins pour encore quatre mois. Sèche tes larmes et reprends les armes, en cœur avec nous.
> En vidéo, les invités du Talk Show évoquent le retour du Ghanéen à l'OM.